Il y a eu un moment, finalement assez court, où l'on s'est un peu excité sur le rap anglais. Le débarquement inattendu de Dizzee Rascal à l'été 2003 - arbrisseau cachant la forêt Wiley - et la découverte qui s'en suivit de toute une bande de jeunes rappeurs énervés, qui avaient avalé et digéré la culture rave et le gangsta-rap avant leur majorité et qui étaient jusque-là confinés dans les studios des radios pirates d'East London, avaient de toute évidence fait son petit effet. Depuis, Rinse est devenue une radio FM tout ce qu'il y a de plus legit, le dubstep a avalé la plupart des acteurs de la scène grime (quand ils ne se sont pas fourvoyés eux-même entre temps), et le rap anglais a perdu son mojo.
Vue d'ici et même si elle a invité Kano sur le remix de son nouveau single, la rappeuse de 21 ans Little Simz a l'air de pas mal s'en foutre de l'héritage grime et n'a pas attendu le retour de hype - provoqué en partie par le happening de Kanye West aux Brit Awards et les accointances américaines de Skepta - pour dropper sans compter mixtapes et EP's autoproduits (8 depuis début 2013) et repousser les avances des labels. Née dans le Nord gentrifié de Londres, Simz a fait de la danse, puis a joué dans deux shows TV avant de tout bazarder pour devenir la meilleure rappeuse du Royaume-Uni.
A Curious Tale of Trials + Persons, son premier long-format "officiel" sorti le mois dernier sur son propre label Age 101 Music, n'est peut-être pas au niveau de sa meilleure mixtape E.D.G.E. - la faute à quelques prods un peu proprettes - mais c'est de loin l'album de rap anglais le plus consistant et le plus prometteur qui soit parvenu à nos oreilles depuis des lustres.
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