Pour la première fois sur The Drone, on a choisi de vous présenter une liste de douze espoirs qui selon nous marqueront l'année à venir. Si l'exercice peut paraitre éculé, on a tenu à le faire pour passer une sorte de statement. Vous le savez sans doute, un nouveau site arrive bientôt, et avec lui une reconfiguration de la ligne éditoriale de The Drone. Ça ne veut pas dire qu'on laissera tomber les reviews des cassettes de gabber expérimental moscovite éditées à 17 exemplaires, ni même que vous échapperez à nos papiers de 10 000 signes sur le renouveau de la no wave sans guitare - et encore moins à nos phrases et argumentaires tarabiscotés. Simplement qu'on laissera désormais passer un peu plus de lumière sur le site, qu'on ne s'interdira plus de parler de genres, d'intentions ni d'esthétiques impurs, pourvu qu'ils soient un poil féconds en pensée critique et qu'ils puissent donner libre cours à des débats passionnés. Mais si vous trainiez sur The Drone dernièrement, vous saviez sans doute déjà un peu tout ça.
Princess Nokia
On a envie d’y croire : Princess Nokia pourrait s’inscrire dans la longue des listes des one (ou two) hit wonders du rap Youtube, mais quelque chose dans son sourire assuré et son flow hargneux nous fait penser que la jeune MC du Bronx en a assez sous le capot pour se maintenir au-dessus de la concurrence, réussir là où l’autre grande gueule new-yorkaise Azealia Banks a fini par se planter, et porter haut les couleurs de tous les tomboys de la planète.
Sheer Mag
La réussite (totale, il faut le dire) du rock échevelé de Sheer Mag tient à peu près à deux choses : l'immédiateté folle d'évidence de leurs chansons, perles lo-fi gorgées de soul et de soleil toutes plus réjouissantes les unes que les autres. D'autre part, à la voix irrésistible de la chanteuse Tina Hallaway, laquelle parvient à tout faire tenir et à emporter l'adhésion non par ses vocalises prodigieuses, mais par la conviction et la vitalité toute communicative dont elle fait montre, et qui nous donnent envie de suivre la bande de Philadelphie partout où elle daignerait s'aventurer.
Le Villejuif Underground
Le Villejuif Underground, avec son nom en forme de mauvaise blague, arrive à point nommé pour mettre un bon coup de pied dans la fourmilière des groupes étiquetés revival garage. Chantant ses petits bijoux pop avec une science du foutage de gueule en droite lignée de Mark E Smith et de Stephen Malkmus, le groupe de banlieusards a la classe des branleurs qui ne révisent jamais mais passent les exams haut la main. Pas loin d’être le truc le plus réjouissant entendu depuis les débuts de Feeling of Love ou Total Control (voire même le premier album de Strokes, ne nous le cachons pas).
Alexandria
On vous prévient tout de suite. Alexandria, l’autre espoir R’n’B du label d’Atlanta Awful Records, ne connaîtra sans doute pas une année 2017 aussi faste que le 2016 de l’auto-proclamée duchesse darkwave Abra. Pas d’ambition pop globalisante, d’esthétique post-millenial, ou de rimmel 80’s sur son album Cut Of Cloth sorti au début du mois sur le label de Father. Simplement 15 pistes de R’n’B au cordeau nourri d’adlibs diaboliques et d’harmonies minimalistes sur des productions réduites à leurs portions congrues par son beatmaker attitré, Ethereal. La bande-son de votre rupture de cette année est toute trouvée, et elle est tellement bien que ça vaut presque le coup de quitter votre conjoint tout de suite.
Fléau
Beaucoup moins médiatisé que Perturbator et toute la nouvelle clique carpentercore, le bordelais Fléau pourrait bien tirer son épingle du jeu avec un nouvel album à paraître cette année sur le label Anywave. En privilégiant les climats inquiétants aux coups de boules dancefloor bêtas, la musique du français (vu aussi dans VvvV), tout en convoquant tout un folklore synthétique dark, s’autorise quelques incartades mélodiques ou italo du meilleur effet. On attend la suite avec impatience.
CoastDream
La house lo-fi est désormais tellement identifiée et répérable à des kilomètres à la ronde que certains peuvent se permettre d'en raconter à peu près n'importe quoi, quand d'autres se contentent d'en livrer une version forcément édulcorée, passée au ripolin, déclinable à l'infini et qui ne provoque de fait presque plus d'ivresse. Mais pour tous les DJ Boring, Ross From Friends et DJ Seinfeld de la Terre, il restera toujours des francs-tireurs plus ou conscients venus des quatre coins de la planète, comme ce CoastDream, perle lo-fi venue du Brésil et première sortie du label français Renascence. Ça ne tient pas à grand-chose : un sample de voix lointain, un hook qui arrive sans prévenir, une géographie musicale incertaine, l'impression que tous les buzz-clignotants n'ont pas été allumés, et qu'on ne se fait donc pas prendre pour des cornichons pour une fois.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.