15 / MYKKI BLANCO
On n'a rien contre les confessions intimes en public. Mais troquer Mireille Dumas contre Woodkid et lui laisser la clé du studio musique c'était pas forcément la meilleure idée de l'année.
14/ SOFT HAIR
Vous vous souvenez du moment où l'UMP a sorti un lipdub il y a quelques années, et où le PS a répondu (de manière inconsciente ou non) par cette vidéo particulièrement gênante ? Eh bien, cette vision de Dolph Rundgren ravalé par Klaus Kinski se faisant des mamours avec un possible délinquant sexuel nous rappelle un peu ça, autant au niveau de la gestuelle que de l'embarras qu'elle provoque.
13/ DE L'UTILISATION INTEMPESTIVE DU SUPERLATIF DANS LE JOURNALISME MUSICAL
"22, A Million de Bon Iver saisit plus que n'importe quel album les crises personnelles et les résolutions de ce siècle"
("De ce siècle !!!")
Fonctionne aussi avec : les titres d'articles qui sont des phrases.
12/ HODGY
Chaque année, une brebis égarée du crew Odd Future refait surface. Celle-là est particulièrement gratinée : l'air hagard, l'œil vitreux, elle crache du sang dans un mouchoir, ne s'est pas lavée depuis deux semaines, a viré mystique, et nous jure qu'elle converse avec des sélénites la nuit tombée, dans les hauteurs du Lake Hollywood Park.
Pauvres Insus, qui se font piquer leur boulot par Felicia Atkinson.
08/ LE RETOUR D'AMANDA WOODWARD
6/ ANOHNI / M83
On nous reproche souvent de parler tout le temps des mêmes artistes chez The Drone. Mais quand l'actu est si chaude, comment faire autrement ?
2/ NICOLAS JAAR
"Il faudra dire que les plus riches ne seront pas les seuls bénéficiaires de notre projet. La droite doit s’adresser aux classes moyennes"
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) 27 novembre 2016
1/ LE RETOUR EN GRÂCE DE LA VARIET' À PAPA
Ça avait plus ou moins commencé il y a quelques années lorsque Sébastien Tellier déclamait son amour pour des choses comme "Manureva" ou Gérard Lenorman. Dans sa bouche, et à l'époque, le geste était assez osé, et collait plutôt bien avec le trollesque lunaire du personnage. Aujourd'hui, alors qu'on baigne en pleine période de rétro historicisme critique et musical (on vous renvoie vers cet excellent article de Tiny Mix Tapes qui définit tout ça, ici ça reste une Shitlist hein), en théorie, on serait content que le chamboulement du bon goût et le brouillage temporel mettent à mal l'éternel mouvement du progrès historique en musique cher à Simon Reynolds qu'il faudra bien liquider un jour si on veut vraiment évoluer.
Seulement là, le souci avec les reprises du patrimoine franchouillard de la part de la pop bien mise de chez nous est qu'elle ne dit souvent absolument rien sur ce dont elle s'inspire, qu'elle ne s'empare ni ne maltraite suffisamment le matériau original, et surtout, qu'on en ressort souvent de là avec une lassitude qu'on ne questionne même plus. Laissez Elli & Jacno tranquilles, laissez Alain Chamfort là où il est, et surtout, pitié, qu'on oublie purement et simplement Bernard Lavilliers. Si on était des tordus, on mettrait ça sur le compte d'un repli identitaire général et théorisé ailleurs, mais comme on est (plutôt) bienveillants et pas si mauvais garçons que ça (malgré les apparences), on parlera d'un manque cruel d'inspiration de la part d'une partie de la pop d'ici, et de cet éternel robinet d'eau tiède tout français qu'il faudra un jour décider de couper si on veut se (re)mettre à créer. Au point où on en est, là on se dit que la prochaine étape, c'est des reprises de Felix Gray avec une gitane dans le nez, ou bien une relecture du répertoire de Jean-Luc Lahaye grimé en André Gide. On est sympa, on vous file le tuyau dès maintenant : il n'y aura jamais rien à tirer d'une chanson de Daniel Lavoie.
0/ FRANK OCEAN, KANYE WEST & LES VOITURES
Dans le clip de "Swim Good", extrait de sa mixtape Nostalgia, ULTRA sortie en 2011, Frank Ocean bombarde dans sa Porsche GT3 RS à travers le boulevard de son écrasant succès à venir. Sur le dos de la pochette de Blonde, son nouvel album sorti cette année, il nous regarde à travers son casque, prêt à rafler la mise une nouvelle fois. Le motif de la bagnole a toujours traversé les disques de Frank Ocean, au point qu'il produit aujourd'hui une musique ouvertement fière et rutilante. Mais si ses précédentes sorties avaient pour elles le mérite de l'arrogance joyeuse, son mouvement de guidon parait aujourd'hui tellement terne, empesé, comme si le moteur avait définitivement pris l'eau.
Autre concessionnaire musical notoire (une expression qu'on a chipée sur les réseaux sociaux et qui nous parait fort à propos), Kanye West a sorti cette année The Life of Pablo, mais contrairement à Ocean, lui a choisi de nous faire traverser le parc de ses névroses en faisant vrombir ses moteurs de manière intempestive et déchainée, en ne se rendant pas compte (ou peut-être que si en fait) qu'il était lui-même devenu l'attraction foraine. Au Blonde de Frank Ocean, déroulé dans un sérieux papal et avançant à un rythme de sénateur, s'opposerait donc le Life of Pablo de Kanye West, folie furieuse incohérente et effrénée. Deux disques brillants par leur facture, mais qui n'accrochent et ne travaillent jamais la mémoire, perclus d'appels d'air et déroutés, boutonnés jusqu'en haut et étouffants, qui nous regardent de très loin en 4/3 et semblent résolus à ne pas vouloir se laisser être aimés.
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