"C'est sans doute le disque le plus déroutant à avoir émergé d'Indianapolis. Il a été enregistré à Los Angeles par un jeune groupe dirigé par le chanteur/auteur/arrangeur/ Ira Raibon pour le compte de Jim Horton, une sorte de marginal de l'industrie musicale de la fin des années 60, qui travaillait notamment avec des artistes comme Leon Gardner et Arthur Monday. Cette paire-là avait enregistré quelques 45 tours qui sont aujourd'hui adulés dans les cercles ésotériques de collectionneurs de jazz spirituel, de deep-funk et de soul, mais qui n'intéressaient pas grand-monde à la fin des années 60 quand ils sont initialement sortis sur de minuscules labels comme Igloo et Stage Music.
D'abord sorti avec macaron vert sur un label au nom de Fabulous Souls domicilié à LA, « Take Me » a ensuite été remixé et réédité sur un disque à l'étiquette rose, toujours sur le même label mais avec une adresse à Indianapolis. Horton, qui avait fini par s'installer à Shirley dans l'Indiana (217 habitants), est mort il y a presque dix ans, mais pas avant de remettre l'acétate de « Take Me » – la version verte – au collectionneur Jason Yoder qui, connaissant mes liens avec ce disque, me l'a envoyé (on peut lire ici l'histoire racontée par Jason Yoder, NDLR ).
C'était une vraie victoire pour moi, vu que je venais d'entendre un beat de J Dilla qui samplait ce morceau sur une tape que Madlib nous avait joué dans le « Bomb Shelter » – cette maison/studio sur Mount Washington à Los Angeles depuis laquelle nous gérions le label Stones Throw. C'était dingue de me trouver en possession du master de ce disque qui avait disparu pendant toutes ces années jusqu'à que ce que Dilla, qui vivait alors à Detroit, tombe dessus et qu'il arrive jusqu'à nous, sur la côte ouest, par le biais d'une beat tape qui samplait de la vieille soul du Midwest. Plusieurs années plus tard, je reçus un coup de téléphone de l'avocat d'Erykah Badu, Ward White, avec qui j'échange encore de temps en temps, alors que Badu essayait d'identifier un sample dans l'une des prods de Dilla qu'elle allait utiliser pour son album New Amerykah Part Two. Elle a rejoint la conversation, nous avons échangé quelques plaisanteries et elle a joué le morceau en question. C'était le même beat de Dilla avec le même sample de Fabulous Souls. J'avais vraiment l'impression que le monde était en train de me jouer des tours".
Egon
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