"Je suis comme tout le monde, j'ai mes petites obsessions mais la rareté n'a jamais été un critère de sélection dans ma passion du disque. La singularité me parait beaucoup plus importante. J'ai une quantité de disques incroyables dont personne n'a rien à foutre et qui ne vaudrait même pas 4 euros sur fuckin' Discogs!
Sans oublier l'aspect graphique, primordial. Combien de fois me suis-je mordu la lèvre à l'idée de vendre un bon disque dans une pochette de merde durant les 17 années ou j'ai tenu la boutique Bimbo Tower (R.I.P.) du côté de la Bastille! Ayant voyagé de nombreuses fois au Japon pour aller faire des concerts avec Dragibus, j'ai naturellement lié des contacts avec des gens peu ordinaires comme je les affectionne. Nogai san de la boutique Kurara Audio Arts fut l'une d'entre elle. Nous nous sommes tout de suite trouvé beaucoup d'affinités en matière de bizarreries sonores et graphiques. Naturellement nous avons institué un système d'échange (si important dans la diffusion du virus underground) : je lui ramenais des auto-prod française obscure et des graphzines tordus et lui me sélectionnait des pépites japonaise de son énorme stock. (Sa boutique (tout comme Bimbo Tower) a aujourd'hui disparu mais , rassurez vous il y en aura d'autres, l'histoire est cyclique-.
C'est comme ça qu'il m'a proposé un jour ce disque d' Anode/Cathode. Le label, Pinakotheca de Tokyo est méchament culte, au même titre que Vanity à Osaka. Il est l'oeuvre de Takafumi Sato, photographe, musicien et créateur de la salle de concert culte Minor a Kichijoji spécialisée dans l'avant-garde, l'improv et la noise à la fin des années 70 (premières apparitions live de Fushitsusha, High Rise et Kousokuya). Une sorte d'Instants Chavirés nippon 35 ans en arrière. Tous les disques qu'il a édité sur son label (Keiji Haino, Ptôse, John Duncan, Tom Recchion, David Toop...) sont rares .....et bons!
Avec cette pochette incroyable, je l'ai tout de suite embarqué. Comme souvent dans la culture underground noise japonaise, ce disque qui date de 1981 est une sorte de blague d'un très bon goût derrière laquelle se cache Jojo Hiroshige (Alchemy, Hijokaidan) et sa bande. Le début des années 80 c'est l'émergence de japanoise encore bien marquée par le post-punk et la musique industrielle européenne. Tout y est, boite à rythme rouillée, déflagrations bruitistes, groove obsédant, vocaux trafiqués, 1000% DIY, analogie dissonante et humour corrosif.
Ce disque est à l'image de ce que nous nous efforçons de défendre depuis plus de dix avec l'équipe du festival Sonic Protest: un ovni, authentique, hors-genre, décalé, à la fois radical et accéssible. Ingénueux et drôle. Sans prétention et bourrée de talent spontané. Pour chaque édition le festival, s'évertue à édité un objet sonore. Celui qui sort (en édition limitée) pour la prochaine édition fait directement référence à ce genre d'objet insolite. Affaire à suivre."
Activiste indispensable de l'underground parisien, Franq De Quengo a été musicien avec Dragibus et Mahayoni Mudra, disquaire chez feu Bimbo Tower, animateur de radio de l'émission Songs of Praise sur Radio Aligre... Depuis 2003, il co-dirige également le festival Sonic Protest avec Arnaud RIvière.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.