Ah, la musique improvisée, ses soirées joyeuses dans les salles polyvalentes de Seine-Saint-Denis, son public de vieux cocos adorables habillés en velours cotelés qui enregistrent encore tous les concerts au Nagra, ses dieux en collier de barbe et ses déesses en robe de soirées dont l'instrument préféré est toujours le piano joué à même les cordes... Et puis ses grands artistes, ses Keith Rowe, ses Evan Parker ou ses Derek Bailey, ces jusqu'au boutistes mortels qui nous ont changé la vie en faisant rentrer, rien que pour nous, le chaos dans un disque compact ou une MJC de banlieue.
Dans la famille des musiques en liberté, Thomas Bonvalet est définitivement de cette trempe là. Formé au prog et au rock in opposition avec le terrifiant duo noise Cheval de Frise (en gros, Harry Pussy vs. Lightning Bolt), ce guitariste dément a fait un pas de plus vers le désert avec L'Ocelle Mare. Initialement exclusivement consacré à l'exploration de la guitare classique et à la prospection du silence, ce projet solitaire sans équivalent dans le monde du rock ou de l'avant-garde fait pour ainsi dire peau neuve avec Serpentement, quatrième opus où les outils d'amplifications deviennent instruments à part entière et où s'invitent en sus métronome mécanique, banjo six cordes et cloches diverses.
Enregistré dans un temple protestant, l'album a des airs - arides - de vraie musique sacrée. On l'écoutera sûrement beaucoup pendant les giboulées. Et en voici un premier extrait, insondable et beau comme un point d'interrogation.
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