Je dois vous avouer quelque chose d'un peu douloureux en préambule de cette notule: l'album dont est tiré ce morceau est très chiant. A côté, les milliers de disques de dub techno chiants qui sont sortis ces quinze dernières années dans le sillon des magnifiques missels de Chain Reaction et Basic Channel ressemblent à du Parliament ou du Frank Zappa. C'est un comble, parce qu'on parle de deux Dieux Vivants, dont chacune des rencontres passées (au tout débuts des 90's pour le projet 3MB ou les disques de Model 500 enregistrés à Berlin) a donné des chefs d'oeuvres pour la techno. Faut-il s'en prendre à la vieillesse et la maturité, ces deux chiennes qui font muter les chamans visionnaires en horribles baudruches frippées tout juste bonnes à souiller leur propre passé? On en est pas encore là, mais Borderland sent très fort la tisane et les potards de synthé qu'on tourne le petit doigt levé.
Construit sur le même principe que les baleines grises de Rob "Deepchord" Modell (grand gras aux gros bras de Detroit dont l'oeuvre tentaculaire est la seule affiliée post Basic Channel dans le monde à égaler en importance celle des Maîtres allemands), l'album est une succession de jams synthético-monotonaux mixés-enchaînés en une seule longue plage synthético-monotone pour qui auraient la patience de tout se fader d'une traite.
Je préviens ceux qui seraient tentés de s'y risquer malgré ma mise en garde, l'expérience s'apparente un peu à une longue chute dans un précipice sans fond et recouvert de papier peint marron, qui achèverait les pauvres hère tombés dedans par l'ennui et l'effroi de l'éternité plutôt que par l'explosion des chairs. C'est minimaliste, c'est deep, c'est anal, ça laisse parfois des trompettes jazzy et des criquets électroniques venir perturber les aplats infinis de nappes, basses et kicks métronomiques, les sons sont bien évidemment beaux à se damner, super savants élegants et tout ça. Mais pour le reste, pour la forme, pour les compos, je m'en excuse platement à Tresor qui le sort et à Messieurs von Oswald et Atkins, mais c'est ni plus ni moins qu'un long, très long jour sans pain. Ou un marathon Derrick. Vous voyez où je veux en venir.
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