“Chacun des membres de Can est un héros, un magicien et une vraie star“. C’est ce qu’avançait solennellement Julian Cope dans Krautrocksampler, la bible incontournable sur le rock allemand des 60s-70s. Probablement l’un des groupes les plus cités en référence dans le monde de la musique (John Lydon ou Mark E. Smith lui vouent un culte inébranlable), CAN est l’emblème de ce psychédélisme basé sur la transe par la répétition.
Nous avons rencontrés Irmin Schmidt l’été dernier, à Ludwigsburg près de Stuttgart, où il officiait en tant que chef d’orchestre pour jouer quelques-unes de ses nombreuses musiques de film. Après avoir fait la bringue la veille, l’éminent fondateur et claviériste du groupe avait une sacrée gueule de bois mais a accepté de revenir en long, en large et en travers sur la formidable épopée que fût Can: ses débuts en tant qu’élève de Stockhausen, son basculement vers le rock en 68 avec Holger Czukay, Michael Karoli et Jaki Liebezeit, sa rencontre avec Damo Suzuki, véritable tête brulée sur scène qui amènera toute la dimension sauvage à un groupe composé de musiciens extrêmement érudits… Pionnière dans les experimentations sonores, la musique de Can était un mélange improbable de rythmes ethniques, de recherches musicales directement héritées de Stockhausen ou Terry Riley et du son rugueux du Velvet Underground.
Selon Irmin, la révolution enclenchée par Can, Kraftwerk, Tangerine Dream et consorts est née des cendres d’une culture dévastée après la guerre, sous l’impulsion d’une jeunesse en crise d’identité. Avant eux, le rock allemand était englué dans une resucée sans intérêt des Beatles. Après ce raz-de-marée, on n’a plus parlé que de Krautrock. L’influence de Can est encore palpable sur la musique actuelle, on trouve du Krautrock remâché à toutes les sauces, de Turzi à Stereolab en passant par Beak>.
Aujourd’hui, Irmin Schmidt regarde de loin cet héritage sur la nouvelle génération. Il compose essentiellement des musiques de films (d’où le petit cameo de luxe en début de sujet) et gère tranquillement avec sa femme Hildegard (manager historique de Can) les intérêts de Spoon Records, depuis sa maison du Luberon.
Merci à Thomas (Ivox) et Sandra Podmore.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.