"C'est dingue, c'est de la techno avant l'heure". Voilà le genre d'exclamation enjouée qu'il n'est pas rare d'entendre à propos de bon nombre d'expériences et de disques contenant du synthétiseur et sortis avant les années 90. Le terme "pröto-techno" est même souvent usité pour définir les bizzareries synth wave et les machins new age. C'est bien beau de vouloir faire des ponts dans sa tête et de montrer qu'on maîtrise son sujet au-delà du simple aspect chronologique, c'est chouette de toujours creuser un peu plus pour remonter jusqu'au précurseur des précurseurs, mais soyons clair: premièrement la techno de Detroit commence à exister plus ou moins officiellement en 1981, lorsque Juan Atkins et Richard James sortent leur "Alleys of Your Mind" sur Fantasy, donc assez tôt pour discréditer toute recherche de l'invention du genre ailleurs dans la décennie. Deuxièmement, la majeure partie de la musique synthétique sortie à cette époque, y compris les premières productions de Model 500 ou Cybotron, demeure assez proche du format pop dans sa composition.
Toute cette petite intro en forme de mini coup de gueule adressé à ceux qui disent que la techno c'était mieux avant qu'elle existe, pour vous dire qu'il y avait en France, dans les années 80, un trio nommé In Aeternam Vale qui a produit un petit paquet de morceaux dont la linéarité et les sonorités ont tout à voir avec la dub de Maurizio ou encore avec l'un des ambassadeurs actuels de la musique autoroutière qui cavale à 130: Marcel Dettmann.
On n'aurait jamais su que trois Français donnaient dans une musique qu'on croyait être née outre-Rhin vers 1992 si l'excellent label Minimal Wave n'était pas allé fourré son nez dans les archives du Lyonnais Laurent Prot, leader d'In Aeternam Vale. Une première réédition du groupe parue en 2012 avait déjà prouvée que les trois rhônalpins n'avaient, dès 1989, rien à envier à Moritz Von Oswald et Mark Ernestus, dont le premier EP a vu le jour en 1992. Et comme pour montrer que tout cela n'avait rien d'un hasard, la maison si bien tenue par Veronica Vasicka remet ça avec Machine à Laver (les mecs avaient même prophétisé les titres de Pépé Bradock), un maxi qui sortira courant novembre. Pour l'heure, on vous livre Ultrabase, face B du disque à venir et bluffante démonstration de dub techno réalisée en 1990.
Et sinon, pour l'anecdote, Laurent Prot s'est mis à la Trance Goa au milieu des nineties, peut-être parce qu'il n'avait plus rien d'autre à faire. Too much too soon...
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.