Si la polémique en 2014 se résume à 3 pelés qui prennent les pages commentaires des sites musiques pour le service après vente de Darty, des gens qui se « clashent sur Twitter » sans avoir compris les vertus du second degré (ou même du sens de l'humour) et des gros malins qui continuent de jouotter avec les symboles d'extrême droite et l'antisémitisme comme un puceau avec son zizi , on ne peut rien garantir de bon pour notre civilisation. Malheureusement pour la civilisation, la polémique, à plus forte raison en musique, reste un outil médiatique indispensable. D'abord pour occuper le terrain, a fortiori quand on n'a plus grand chose à vendre. Ensuite pour divertir les chalands dans mon genre, qui ont pris l'habitude depuis la cour de récré de la ZEP de mater les gens se foutre sur la gueule.
Mais voilà, en 2014, on a les scandales et prises de tête qu'on mérite. De Kanye West, le François Feldman américain, qui chargé à la coke comme une mule mexicaine s'en prend aux handicapés de son public à Dan Boeckner (le batteur des horribles Black Keys) qui tente un vague beef avec Justin Bieber, on a presque envie de voir revenir les désormais légendaires sorties de pistes des Gallagher, Jarvis Cocker qui foutait en l'air la performance de Michael Jackson aux Brit Awards ou Courtney Love qui pourchassait Kathleen Hanna dans les backstages.
Et ouais sans vouloir jouer les vieux cons, quand on a connu Tupac vs Notorious BIG c'est un peu dur de se passionner pour les engueulades de Drake avec Chris Brown. On a eu Cantona, les plus jeunes ont Anelka...
Notre sauveur existe pourtant et il s'appelle Mark Kozelek . Qui ça, demande le twittos? Kozelek, le mec qui a fondé Red House Painters et qui surtout joue sous l'alias Sun Kil Moon la plus belle musique du monde depuis un paquet d'années (cliquez sur le titre embeddé ci-dessous, vous m'en direz des nouvelles). Pas le genre de personne qui respire la joie de vivre (cf. la photo ci-dessus) mais plutôt de la trempe de ceux qui « démontent le mythe américain » comme dirait les journalistes de 1998 et qui visiblement n'aime ni les péquenauds ni la musique actuelle.
En septembre dernier, alors qu'il se produit au Ottawa Folk Festival, Kozelek s'arrête brutalement de jouer et pète les plombs au micro. The War On Drugs qui joue pas loin sur une scène au même moment repisse violemment sur les histoires de cousines mortes de notre héros qui décide de ne pas en rester là. "Who the fuck is that? I hate that beer commercial lead-guitar shit." Le monsieur semble avoir de la suite dans les idées. Le vrai scandale vient par la suite quand il se met à traiter le groupe 100% Pitchfork de Philadelphie de Hilbillies (équivalent de nos « péquenauds »). Et le lecteur français de découvrir avec stupeur que c'est aussi un terme banni par les américains qui lui préfère le « H Word ». Malin.
Mais bon, voilà ce qu'on veut : des gros mots, un mec qui tire sur une ambulance la bave aux lèvres et surtout pas cette espèce de ribambelles de mecs timides qui rêvent de jouer dans les stades et sont prêts à annihiler toute attitude et toute personnalité pour y parvenir. J'allais dire rendez nous Mark E Smith mais 2014 tu es vengé. Vive Sun Kil Moon.
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