Dans la liste des sujets liés à l'actualité des musiques actuelles de ces dernières semaines auxquels on consacrerait volontiers un peu (beaucoup) plus de temps de réflexion que les douze minutes qu'on dépense en moyenne à tenter de comprendre les disques même les plus mystérieux qui nous tombent entre les oreilles, il y a sans hésiter le Platform de Holly Herndon. Objet feuilleté, réflexif, plastiquement à contre-courant de presque tous ce qui sort depuis deux, trois ans, à cheval entre trois ou quatre territoires (la pop électronique de masse, l'art sonore, la grande new music américaine, le collage, l'acousmatique de pointe) et vraisemblablement militant (elle s'est largement épanchée, ici ou là, sur l'essence anticapitaliste de son art et la confiscation progressive d'Internet qu'il est supposé dénoncer), ce n'est peut-être pas le plus grand disque d'ambition multimedia à sortir du carcan des nouvelles musiques depuis le Big Science de Laurie Anderson, mais c'est assurément un disque qui devrait faire bien plus de bruit en France qu'il n'en fait depuis sa sortie le 20 mai dernier, ne serait-ce que pour faire honorer les échos dythirambiques un peu déments qu'il suscite outre-Manche et outre-Atlantique.
En attendant donc de parler de visu à la sound-artist directement et de décider pour de bon ce qu'on pense de son pavé si particulier dans la mare aux canards de la pop de 2012 (deux mois après le premier extrait "Interference" et une bonne trentaine d'écoute, on hésite toujours entre muzak futuriste et prescience absolue), on soumet donc un nouvel amuse-bouche à ceux qui se seraient tenus à distance pour une raison ou pour une autre: le très Cocteau Twins-ien "Morning Sun" s'offre un beau clip poético-sci-fi dont on évitera de gratter la couche métaphorique (à en croire la citation qui s'affiche à la fin du clip, il serait directement inspiré par la Déclaration d'indépendance du cyberespace de John Perry Barlow) mais dont on applaudit la jolie photo et la citation forcément ironique de la fameuse scène de Point Break où le protagoniste accablé par le désespoir se met à genoux en orientant la tête vers le ciel dont le dernier (grand) film à avoir volé l'icone est bien sûr le Mad Max Fury Road de George Miller (c'est dans le trailer). Ceci est donc un article de rappel autant que du remplissage, en quelque sorte, en attendant the real thing. Rendez-vous le 27 juin au Badaboum pour voir comment la Dame déploie son art dans l'espace et le feu du live.
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