Je crois qu'on peut dire de ce clip qu'il est énervant. Il y a même tellement de trucs énervants dedans que le buveur de café de genre compulsif risque de se faire mal au bide et aux nerfs rien à qu'à les lister: grain VHS, incrustations gogoles, semi-beauté glacée simili-galeriste new-yorkaise en mailllot de bain tanga American Apparel, simili-grande folle afro-américaine en caleçon sac poubelle, énième clin d'oeil au NY Basquiat-Keith Haring - Cruising - Lower East Side en ruines des années SIDA, blanc-bec en bermuda/débardeur qui danse de manière "semi-ironique" derrière son matos "bon marché" (si on pouvait mettre des guillemets dans des guillemets, on le ferait)... Et puis la musique: de la house de hipster en mono et vaguement rétro, jouée au Casio et boostée avec la sainte trinité du son contemporain (saturation de bande, compression de porc, limiteur qui transforme les basses en pâte à tartiner) pour faire de l'effet aux après-midi destroy du PS1...
En même temps, on peut aussi dire de ce clip qu'il est intéréssant. Le gars derrière la camera s'appelle Pedro Maia et a bossé par le passé avec Panda Bear, Shackleton ou Sandro Perri de Polmo Polpo. Vraisemblablement captée avec une vraie antiquité, l'image de son clip est tellement saturée et abîmée que formes et couleurs y évoquent des flaques d'aquarelle ou un rip de rip d'une vieille vidéo de Nam June Paik. L'accumulation de l'effet de lag façon stroboscope et des superpositions d'incrustations donne l'impression de regarder un vieux clip de Mondino sous psylocibine. Steven Warwick lui-même, le type en bermuda/débardeur, y joue la nonchalance avec un mélange de rudesse et de mal l'aise à la limite de l'émouvant: et puis quand il danse, pour paraphraser un camarade de bureau, il est "LOL".
Et puis reparlons de la la musique, à la fin: bout du bout de la potion L.I.E.S. (même si le maxi sort sur Sounds Of The Universe, sous-label de Soul Jazz), cette dance vraiment ghetto vraiment faite de brics et de brocs, dont les sons de percussion échantillonnés sur Casio SK5 avoisinent le 5 bits font un contrepoint merveilleux aux kits de drums THX qui pullulent dans la dance informatique, reste suffisamment politique et saugrenue pour qu'on continue à la vénérer.
C'est compliqué, hein, 2013.
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