On a encore un peu du mal à s'en rendre compte de ce côté ci du monde, mais le revival jungle (annoncé ici-même une bonne demi-douzaine de fois au cours de ces deux dernières années) est en train de devenir un vrai truc dans le paysage électronique contemporain. Dans la foulée des mises à jour un peu branchouilles mais plutôt irresistibles de Lee Gamble, Special Request ou de Tessela (dont cet article de Resident Advisor signale de manière intéressante qu'il avait deux ans quand est sorti le "Terminator" de Rufige Kru), il ne se passe pas une semaine sans qu'un gamin d'Angleterre ou d'Amérique sorte l'artillerie sirènes/amen au ralenti.
Notez qu'on ne parle pas du vrai underground drum'n'bass, certes particulièrement vivace en ce moment (dernier coup de coeur: l'excellent Chatterbox EP de Stray sorti sur l'Exit de D-Bridge) et qui n'a jamais de fait jamais arrêté d'exister et d'évoluer, mais plutôt de cette tendance de la techno contemporaine, a priori hermétique aux sautes d'humeur de la bass music, à se grimer des apparats les plus remarquables de l'âge d'or de la rave jungle. Ainsi Handsome Head aux USA, Shed en Allemagne, Sotofett en Norvège, Rezzett ou même Four Tet en Angleterre semblent tous faire tourner les breakbeats comme on s'échange des souvenirs de soirée - et notre petit doigt nous dit que cette tendance - appelons la "madeleine jungle" - commence à peine.
Innovateurs indiscutables de ce qu'il convient d'appeler une petite lame de fond, Andy Stott, Gary Howell et Miles Whittaker ont commencé à tailler l'Amen, les reliques et les reminiscences avant tout le monde: sur le Luxury Problems de Stott, dans le gros de la production récente de Demdike Stare (plus notamment la série des Testpressings) ou dans le bombastique LP de Stott et Whittaker sous pseudo Millie & Andrea, c'est avalanche de breaks massive au ralenti et de fumerolles ruff'n'ready.
On mentirait donc un poil en vous disant que cette mixtape de Hate - trio fantôme qui rassemble Stott, Howell et Whittaker sous le même linceul - nous a surpris. Edité exclusivement en cassette, c'est-à-dire l'autre médium de choix de la jungle et du hardcore à l'époque de leur diaspora, Bad History rassemble sur deux faces mixées raretés et highlights de la discographie du collectif depuis 2008 (les collectionneurs seront aux anges d'apprendre que la cassette, manufacturée en quantités très limitées, s'accompagne d'un code download pour tout télécharger) et c'est vibrant, oldschool et massive du début à la fin. On l'écrit même presque sans hésiter: si vous ne devez acheter qu'un disque de jungle-de-1994-produite-en-2014, Bad History se présente pour l'instant de loin comme la meilleure option.
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