L’exception est dure à expliquer. Toujours en avance d’un cran sur le reste de la nation dance (ok, les gangsters des favelas brésiliennes et des ghettos colombiens prennent la pole position à l’occasion), l’underground dance de la Windy City a l’air de se foutre de 99% de ce qui rend précisément la dance emmerdante (la musicalité, la préciosité puriste, Madonna, les soirées sur la péniche Concorde) pour se concentrer sur la seule chose qui devrait compter: les filles et les garçons qui dansent. D’où sa faculté paradoxale à tenir la dragée haute à tous les blanc-becs obnubilés par la ghetto cred de leurs bricolages.
Le cas de la Juke, qui fascine depuis un peu plus d’un an jusqu’aux lads de Planet-Mu, est un poil plus complexe encore. Purement fonctionnel à la base, le genre est monté en puissance à la fois via les battles de footwork qu’il est censé propulser et les tricks de plus en plus complexes et acrobatiques des producteurs. Mélange de Miami bass, de ghetto tech de Detroit et de délires technicistes, la Juke se passe de kick, jongle à toute vitesse (autour de 160BPM) avec les samples et les double-time et file le tournis par sa sauvagerie formelle à la limite du cubisme.
Sympa, la jeune documentariste Sonali Aggarwal consacre déjà un film entier au genre et à sa scène, et en profite pour esquisser une petite généalogie de la Ghetto House. Ca tombe bien, les gamins (ici DJ Chip, Gant-Man ou V-Dub) ont tous l’air obnubilés par leurs aînés (Frankie Knuckles, DJ Funk et la bande Dance Mania, Cajmere ou Paul Johnson) et ont tous à coeur de s’insérer dans la légende musicale locale.
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