Dieu lui pardonne, Matthew Dear ne s'est pas rendu compte de ce qu'il faisait. S'il s'est posté un soir de pleine lune en Dior Homme derrière un pied de micro, c'était pour avancer dans son art, pas défigurer un peu plus encore sa techno adorée. Et tous les mecs qui ont suivi derrière (et on ne parle pas de la vieille génération des David Carretta, Miss Kittin & The Hacker & co.) ont moins été attirés par l'odeur de la gomina que par la lueur qui s'échappait du tunnel entre le Detroit des Papas et les zones "futur immédiat" (Sigue Sigue Sputnik, Trans-X) et post-indus (Liaisons Dangereuses, DAF, Nitzer Ebb) de la new-wave.
Si on déteste les poses de Yan Wagner de tout notre coeur, si l'on reste largement circonspect face à la nuée de gamins malingres qui passent de l'anonymat laptop à la grosse voix caverneuse, on aime beaucoup Fairmont et on lui trouve tout de suite une bonne douzaine de circonstances atténuantes. Son Automaton (dont le titre sent bon le cuir, le steam punk et la remise de Kraftwerk) est chanté de A à Y d'une voix de crooner cocaïné et rempli ras-la-gueule de mélodies copiées-collées du catalogue Sordide Sentimental, mais sa matière et sa mise en forme restent tournés vers le dancefloor et les grands espaces de ses premières maisons Traum Schallplatten et Border Community.
Derrière les mélodies grises et les paysages de glaces, on devine encore des séquences de TB et des finesses electronica, et les nappes délavées qui tapissent les murs de la Loge évoquent moins les caricatures cold wave qui encombrent toujours le rayon gothique de Gibert que les b.o. de Badalamenti (qui a vu notre sujet vidéo sur le garçon se souviendra de son intronisation au son synthétique via la musique de Twin Peaks). L'album sort sur My Favorite Robot (label du duo canadien du même nom) et le moins que l'on puisse dire c'est que c'est approprié.
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