Première chose que l'on remarque dans les images de ce reportage produit par Dazed and Confused: ça parle beaucoup de fringues. Nous sommes à la fin des années 90, à Londres, et au Gas ou aux soirées Twice as Nice, on s'habille de la tête aux pieds en Versace et en loafers dorés, en gardant précieusement les étiquettes. Ça peut avoir l'air superficiel, comme ça, mais ça résume finalement bien les images qui nous viennent en tête quand on pense, dix ans plus tard, à ce qui faisait l'essence si singulière de l'âge d'or du UK Garage au-delà des patterns rythmiques et du son des caisses claires. Les fringues, les pas de danse, les boissons et drogues de choix: plus que des signes extérieurs de superficialité, ce sont sans doute ces signes de ralliement qui font les vraies subcultures dance, du genre qui fédère autant les musiciens et les DJs que les danseurs et les followers dévoués.
Déjà auteur du livre de photos de référence sur la scène (sobrement intitulé UKG et paru l'année dernière chez GOST, allez mater le portfolio ici), l'insider Ewen Spencer fait donc un choix plus pertinent qu'il n'y paraît en passant par le chas de la fashion et en interrogeant les clubbers autant que les producers. Avis aux néophytes: la communauté « UK-Garage » était habillée des pieds à la tête en Moschino vulgos (et génial), elle dansait une bouteille de champagne à la main, mais elle avait aussi ses stars et ses labels (Noodles et DPR Recording, mine d’amour musical infini), ses clubs mythiques, ses très nombreuses soirées et des codes musicaux que nous, Français, n'avons commencé à capter que l'an passé (si, des fois, vous vous demandiez d’où vient ce je-ne-sais-quoi de bandant dans la musique des frères Disclosure, ceci est une grosse piste).
Genre suicidé par surabondance, le UKG n’en finit pas moins d'avoir des enfants merveilleux (le grime, le dubstep, le uk funky etc. etc.) et des repreneurs de flambeaux plus ou moins brillants (jetez-moi des pierres à nouveau mais Burial est brillant, merde). En attendant que la France s’ouvre à l’amour des rythmiques 2-Step et que Disclosure cesse de définir l’ensemble du genre pour les moins de 25 ans, en attendant aussi de pouvoir mater Rewind4Ever, gros morceau de docu qu'on espère pouvoir bientôt mater en entier, Brandy And Coke est une excellente diversion si l’on considère que le UK-garage est Dieu. Ça se regarde dorénavant en entier via Dazed Digital avec une petite interview du réal' en bonus.
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