Les lecteurs assidus de The Drone savent l’amour que l’on porte à Oxbow et à son très fantasque chanteur/performer en slip/leader Eugene S. Robinson.
Fasciné par la violence dans l’art autant que la violence tout court, ce Tyler Durden en chair et en os est bien plus que “that tall black Guy in the corner of the punk rock show”: il s’épanouit autant sur les scènes des caves que sur les pages des magazines (Vice, Hustler, The Wire, GQ, EQ, Code…) et des livres en papier.
Après son petit précis sur la baston (le best-seller surprise Fight , or Everything You Ever Wanted to Know About Ass-Kicking But Were Afraid You’d Get Your Ass Kicked for Asking), Robinson s’est lancé dans la fiction il y a deux ans avec A Long Slow Screw, sorte de résurgence super hardboiled inspirée par sa jeunesse castagneuse dans le New York des années 70.
Il nous en parlait en détails dans l’entretien qu’il nous accordait il y a quelques temps: “Si tu vis à New-York aujourd’hui, la ville que je décris dans le roman ressemble à de la science-fiction. Mais New-York après la fin de la guerre du Vietnam était chaotique. Les vétérans venaient de rentrer, l’héroïne avait retourné la ville. Les drogues ont des effets différents selon les gens, mais entre les agressions, les vols, la violence de rue, c’était un vrai bordel“.
“Anti-Eden définitif”, dantesque, le New-York de son roman est impitoyable et halluciné, plein de “punk, de durs à cuirs, d’arnaqueurs et d’homos psychopathes” ; on y survit comme on joue aux cartes, sur le fil, en misant tout sur un casse minable ou en arnaquant les siens. Bref, on avait pas lu de tentative littéraire par une icône wock aussi classe et solide depuis La bouche de Francis Bacon de Michael Gira. Sans approcher l’abîme d’aussi près que Peter Sotos par exemple, Robinson tourne autour avec une vitesse d’écriture vertigineuse et son récit en forme de roman noir gigogne est plutôt épatant.
La raison pour laquelle on vous en reparle aujourd’hui, c’est que le roman vient de paraître en français aux éditions Inculte, dans une traduction nickel chrome de Nicolas Richard (co-auteur des Soniques et traducteur de James Crumley, Hunter S. Thompson, David Ohle ou du dernier Pynchon), et que la couverture française avec le gros diamant est au moins aussi belle que la version américaine avec le gros clou. Vous voilà prévenus.
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