On est bien heureux que Louis Vial ait choisi The Drone pour vous faire écouter son premier maxi solo. Pas qu'on fonctionne franchement comme une petite communauté mafieuse d'un petit quartier de Naples dans les années 50, mais on se réjouit fort quand un caneton du crew fait des jolies choses de son côté.
Ici échappé de Mura Oka, le duo qu'il forme avec Sydney de Latency Records et dont le premier album a beaucoup plu aux geeks de Juno, Louis a fabriqué à tâtons sous le nom d'ESZAID son premier disque solo pour Collapsing Market, le label dont il s'occupe avec Cyrus Goberville. Et ne vous fiez pas au mot "tâtons" : parce qu'il est précis et consciencieux comme un restaurateur de meubles suédois des années 60, la musique de Louis sonne plus que jamais comme si elle avait été produite en chambre stérile, microscope collé sur le reliquaire, pipette à la main. Voilà ce qu'il avait à nous dire ce matin sur la gestation de cet €€€ EP (il comptait sur nous pour remanier, mais on s'est dit qu'on faisait comme on voulait) :
"Au début j'étais dans une petite période d'obsession pour Lee Gamble, du coup je m'étais mis en tête de faire des morceaux "déconstructivistes" comme disent les blogs. Au moins pour voir comment je me débrouillais pour rendre ma version du truc... C'est un peu ce qui a donné la deuxième partie de la face B... J'ai samplé des petits bouts de breaks de drum'n'bass et tout. Mais je me suis rendu compte que je ne serais jamais Lee Gamble, et que j'avais quand même envie d'utiliser mes petites machines analogiques. Je voulais arriver à faire des morceaux qui restent en tension, qui ne "partent" pas, et qui ne soient ni vraiment sombres et surtout pas joyeux. Je sais pas si j'y suis arrivé, parce que cette tension dans la répétition c'est plutôt Sidney qui apporte ça dans Mura Oka, parce qu'il a une culture techno plus ancrée. Moi j'ai commencé la musique électronique en faisant des trucs très "old school analo", du coup ce disque c'était un peu un défi que je me lançais. Après j'ai ré-arrangé un peu le tout pour qu'il y ait une homogénéité."
Autant vous dire donc que ces rêveries de Detroit via Manchester ou de Londres via la jungle de Calais n'ont que très peu à voir avec quelque saloperie à la mode vite clonée sur un ordinateur posé sur une table de salle à manger. Ici techno tubulaire comme sur Avian, là enfer urbain boosté aux basses abyssales du métro londonien, €€€ EP évoque plutôt avec le délire éveillé d'un esthète au coeur pur, dont chaque seconde de la musique qu'il vous fait écouter doit avoir la prestance d'un de ces classiques éternels pour lesquels on débourse la moitié de son salaire mensuel sans hésiter pour en avoir une copie perso à la maison. Ron Morelli fait partie des premiers fans, n'attendez point trop pour toper votre exemplaire.
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