Commençons par un mea culpa: la semaine dernière, nous avons relayé avec un enthousiasme évident le premier extrait de Why Do the Heathen Rage? de The Soft Pink Truth, nouvel exercice de saccage postmoderne mené par Drew Daniel de Matmos dont l'objet de déconstruction cette fois est le black metal, objet  problématique et difficile à manipuler s'il en est. Or, ce que nous avons réalisé dans les jours qui ont suivi la publication de l'article, c'est que notre éloge pouvait laisser deviner une vue surplombante, une ironie voire un mépris de notre part  vis à vis du genre et de son histoire.

Prouvons par la présente qu'il n'en est rien.  Nous sommes plusieurs à The Drone, l'auteur de ces lignes en premier, à avoir passé un temps non négligeable de notre vie de mélomane à écouter et beaucoup apprécier quelques grandes oeuvres du black metal (mon top 3: Nattens Madrigal d'Ulver, A Blaze in the Northern Sky de Darkthrone et Pentagram de Gorgoroth) et même à explorer quelques-unes des plus sombres allées du NSBM sous le pur pretexte que c'est là qu'on y trouvait quelques-un des groupes les plus radicaux et les plus "plastiquement passionnants".

Preuve supplémentaire, nous tenons In the Nightside Eclipse d'Emperor pour l'un des plus grands disques de BM jamais sortis sur la Planète Terre, et ce en dépit du fait qu'il est responsable à lui tout seul de l'éclosion de l'affreuse sous-famille du black symponique, qu'il fut enregistré au moment même où le fameux Black Circle formé autour d'Euronymous déchaînait ses pires méfaits et que deux membres du groupe sont effectivement partis en prison pour meurtre et incendie d'églises juste avant sa sortie.

On se réjouit donc sans ambages et sans ambiguités de la sortie le 30 mai prochain chez Nuclear Blast d'une mégagiga réédition anniversaire de l'album rassemblant dans un digipack deluxe (si croquignolet qu'on en trouvera sans doute des exemplaires au Gift Shop de l'aéroport d'Oslo) un remaster inédit de l'album, un mix alternatif inédit de 1993, le As The Shadows Rise EP, les Akkerhaugen Tapes de 1993 (fameux pirate réunissant répétitions et démos) et un tribute album forcément un peu hasardeux dans le tracklisting duquel on remarque la présence des collègues de Taake. Pour ceux qui zonent dans les festivals (et qui ont par exemple prévu de passer au Hellfest en juin), le groupe s'est même re-re-reformé dans sa formation originale dans l'unique but de rejouer l'album en entier. Mais parce qu'on est très sensible aux exigences de notre lectorat trve, on fait tout de même le choix de vous proposer à l'écouter un rip de l'édition cassette originale de l'albym plutôt qu'un extrait de la réédition, parce que la sauvagerie lo-fi originelle de ce monstre séminal ne saurait bien entendu être égalée par aucun remaster.