Entre le prosélytisme sympa d'Acid Arab dans les clubs et les festivals, les blogs dédiés et les docus dans les salles et sur Arte, vous ne pouvez plus ne pas savoir qu'il se passe des tas de choses musicalement épatantes en Egypte et qu'elles ont souvent quelque chose à voir avec les gars qui jouent du synthé.
Si vous avez été un peu plus attentif que votre voisin mélomane, vous aurez même repéré le nom d'Islam Chipsy, phénomène flamboyant du clavier qui électrise régulièrement les rues du Caire et a provoqué le décrochement de mâchoire de pas mal de spectateurs Youtube à travers le monde.
Seul souci selon Hicham Chadly du label égyptien Nashazphone (à ne pas confondre avec Hisham Mayet, autre collaborateur régulier de Sublime Frequencies), la plupart des enregistrements dispos du garçon ne font pas honneur à l'énergie irréelle qu'il dégage in real life. Selon cet amateur éclairé de noise (le catalogue Nashazphone mélange le Hototogisu de Matthew Bower, El-G, Birds of Delay ou Smegma), la musique de Chipsy n'aurait de fait pas grand chose à voir avec l'electro chaabi, ce mouvement fourre-tout dans lequel on range rapidement tout ce qui sort du creuset cairote depuis le début de la révolution: elle serait plutôt un continent à part, à la fois plus traditionnel (chaabi tout court, donc) et totalement lunaire, à voir absolument dans une cave ou dans un mariage - quand le volume est à fond, que la musique menace de cramer les membranes des enceintes et que la transe est à son comble.
Plutôt que de compiler les oeuvres studio du virtuose (dont aucune n'est officiellement sortie à ce jour), Chadly a donc décidé de sortir une performance live d'EEK, sorte de supergroupe où Chipsy est entouré de 2 batteurs (Khaled Mando et Islam Tata). Accompagné d'un texte du cousin Alan Bishop (l'ex Sun City Girls et de co-fondateur de Sublime Frequencies vit actuellement au Caire), ce Live at the Cairo High Cinema Institute s'annonce donc moins comme un bidule pop que comme un grosse tranche de noise et de fureur, psychédélique et brutal, ghetto à souhait. A l'instar du Live 1969 du Velvet ou du Olatunji Concert de Coltrane, la saturation n'empêche pas l'immersion, elle amplifie les émotions.
La sortie du LP est imminente, allez donc jeter un oeil sur la page facebook du label quand vous avez deux minutes à tuer.
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