Ça s'est passé le weekend dernier à Hay-on-Wye, au Free Rotation, festival très réputé pour son atmosphère familiale et la difficulté à s'y rendre quand on ne fait pas partie du sérail (il faut avoir été invité par un "membre" pour réserver ses places). Inspiré par l'ambiance intimiste et vraisemblablement très onirique du Baskerville Hall Hotel où se déroulent les concerts (et où se déroulent les funestes événements du Chien des Baskerville d'Arthur Conan Doyle, oui oui), Anthony Child, plus connu pour la techno de démon en voie de canonisation de Surgeon (il réédite lui-même ses disques indisponibles sur Dynamic Tension, et Tresor vient de rééditer en coffret maousse ses trois albums canoniques des années 90, Basictonalvocabulary, Balance et Force + Form), s'y adonne à un set ambient magistral plein de surprises et d'accidents sur le bas-côté.
Bien moins sévère et aride que The Space Between People and Things, sa cassette ambient noise éditée par NNA Tapes il y a deux ans, cette session intégralement synthétique et constamment mouvante voit surtout Child montrer l'étendue de son savoir-faire quand il met de côté les kick drums. Un synthétiseur modulaire et quelques pédales d'effets sous la patte, le Britannique passe sans jamais perdre de vue la cohérence de ce qu'il raconte des bourdons industriels aux bruitisme de bon aloi, des paysages de glace vertigineux comme sur les sublimes interludes electronica de Balance à des étranges soundscapes polyrythmiques qui évoquent lointainement l'art inimitable de l'américain Charles Cohen.
La raison en est sans doute en partie la machine sur laquelle Child a jeté son dévolu pour sculpter ses séquences, un Music Easel de la firme Buchla longtemps relégué au rang des machines de rêve pour cause de rareté extrême mais de nouveau disponible depuis quelques mois pour la somme modique de 4000 dollars, et dont il tire beaucoup, beaucoup plus que des poncifs post-industriels ou du repompage de Charles Cohen. Avis à tous ceux qui râlent beaucoup contre ces nouveaux signes extérieurs de richesse que sont les synthétiseurs modulaires, ces magnifiques 88 minutes de musique très intense n'auraient sans doute jamais vu le jour avec un laptop ou un Casio. Avis aux amateurs, enfin, on parle beaucoup sur les réseaux sociaux du set de conclusion de festival d'Objekt, et il est également disponible à l'écoute et au téléchargement libre sur son Soundcloud.
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