La seule fois où j'ai eu l'occasion de bavarder IRL avec un membre du super-groupe Centenaire, il m'a dit qu'il ne se ferait pas prier longtemps si on lui proposait de tout plaquer pour devenir grutier. C'était il y a quatre semaines et je cherche depuis ce soir-là à y voir un lien avec la musique que produit ce trio central de l'underground parisien. Quand le moment fut venu de s'atteler à la rédaction de cette notule – dont l'excellent prétexte est la sortie imminente d'un nouvel album de Centenaire (le troisième) et la proposition qui nous fut faite d'en diffuser un extrait en avant première – j'ai eu besoin d'aide. "Le grutier est un technicien de chantier très qualifié dans la conduite et la manœuvre de tous les engins de levage en hauteur ou très grande hauteur. Il déplace et répartit des matériaux avec une grue à tour pourvue d’une cabine » lis-je sur une fiche-métier fournie par le Centre d'Information et de Documentation Jeunesse.
Le meilleur critique musical du monde ne saurait dire mieux où réside la force de la musique de Centenaire. Qualifiés, les membres du groupe le sont assurément et l'on serait prêt à fournir des preuves sur demande – au moins pour ceux dont on est en mesure de déterminer le pédigrée : Stéphane Laporte qui officie chez Egyptology, Karaocake et en solo (sous son nom depuis peu et sous l'alias Domotic) et Damien Mingus, l'homme derrière My Jazzy Child (entre autres). Le troisième larron, Aurélien Potier, aurait été vu aux côtés de Organ, The Konki Duet et Encre, ce qui n'est pas mauvais signe. À ceux qui mettraient en doute l'appétence de Centenaire pour la hauteur, on opposerait le cathédralesque EP Sainte Croix sorti cet été.
Enfin, pour ce qui est de la maîtrise dans le déplacement et la répartition des matériaux, on n'a pas trouvé beaucoup plus probant que la composition impressionnante du morceau que la vaillante maison Clapping Music (qui édite les disques de Centenaire et la plupart de ceux cités dans ce billet) a bien voulu nous confier, « The Truth About Those Who Pretend To Be Your Friends ». Il entérine le virage kraut, presque garage, opéré par le groupe depuis le changement de formation consécutif à la sortie de The Enemy en 2009 (Orval Carlos Sibelius qui était dans le groupe d'origine l'a quitté pour partir à la conquête du monde) mais n'a rien perdu de la méticulosité et de l'élégance des premières années où Centenaire donnait des concerts de folk en appartements.
On retrouvera ce tour de force sur l'avant-dernière piste de l'album Somewhere Safe qui sort le 25 novembre et qui, naturellement, se précommande. Ceux qui suivent avaient déjà pu écouter l'inaugural « Where To Go » en février dernier, les autres rattraperont leur retard tête baissée.
Centenaire jouera à Paris le 28 novembre prochain (à La Maroquinerie, avec les passionnants Aquaserge et Rien)
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