Le récit des séances de répétition d’un groupe dans le garage parental peut-être évité avec une certaine catégorie de groupes : ceux qui écrivent leur propre mythologie et conçoivent leur musique comme un produit qui mérite un emballage personnalisé.
On pourrait ainsi parler de la Devolution de Devo, du temple Shaolin du Wu-Tang Clan ou de Parliament et son afrofuturism. Chacun des artistes bénéficiant d’un storytelling qui lui est propre et qui donne du biscuit aux canards musicaux.
Mais c’est Duchess Says qui remporte le prix du concept le plus volatil qui soit avec sa Church Of Budgerigars (l’Eglise de la Perruche en V.F.), une mystérieuse organisation dévouée à une perruche devenue leur source d’inspiration.
La véracité de l’histoire de cette Eglise est aussi scientifiquement improuvable que l’existence de dieu, mais officiellement, la Québécoise Annie-Claude Deschênes aurait trouvé des papiers qui frôlent la franc-maçonnerie chez sa grand-mère, et serait tombée en pâmoison devant l’icone d’un mystérieux oiseau au plumage fluorescent : une perruche.
Qu’elle existe vraiment ou non, cette perruche divine donne des ailes à Annie-Claude qui prêche depuis la bonne parole au micro du quatuor Duchess Says, formé à Montréal en 2003 dans un cabinet de toilettes. Pour mieux comprendre la folie douce du gourou de cette organisation, il faut tenir compte des séquelles que lui ont laissées ses leçons de piano dans le couvent où sa mère l’avait envoyée pour lui inculquer les bonnes manières.
Sa réaction à l’austérité entretenue par les bonnes-soeurs, dès qu’elle a mis les voiles hors de son école, a été de se déchaîner comme un petit diable sur scène. Mais même si elle n’a plus besoin de se plier aux règles de la religion catholique, Annie-Claude cherche toujours à cadrer, classer, ranger dans son art, même si c’est pour y mettre du vide, nous a-t-elle confessé en interview. Se servir de la rigueur de classement de l’administration pour y mettre du rien, c’est comme crééer une pseudo-religion, et d’en garder que les rituels, en sachant vaguement qui vénérer (comme Dieu ou Allah, on trouve effectivement difficilement l’image officielle de la prétendue icône de la Church Of Budgerigars.)
Une absurdité qui s’assume encore plus en live, le groupe devenant des entertainers réclamant la participation de leurs fidèles à leur cérémonial. Plutôt que de donner concert dans l’espace sacré dédié de la salle de concerts, les Duchess Says envahissent les terrains de golf, les vitrines de magasin, les bâtiments désaffectés…
Cela faisait 4 ans qu’on n’avait eu de nouvelles discographiques des adorateurs de la perruche, avec Anthologie des 3 Perchoirs. Leur deuxième album In A Fung Day T! vient de sortir et Duchess Says repart enfin en quête de nouveaux disciples.
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