Donc hier, si vous avez lu le dix millième numéro de Libé, vous avez pu apprendre dans un encadré de l'article consacré au chant du cygne de la presse musicale française que The Drone était une réussite dans la catégorie "sonorités ardues". Parce qu'on est pas du genre à refuser une belle médaille, on vous balance sans rougir ce bouzin éhontément rétif, austère et expérimental signé en toute complaisance par un vieux pionnier techo qui n'a plus rien à perdre.
Eselsbrücke rassemble en effet dix escapades du briscard anglo-chilien dans la terra incognita non-grata de la synthèse électronique pure et dure, sous l'influence de Xenakis, des Studie de Stockhausen et de 70 ans de joyeux pieds de nez à l'acception populaire du mot "musicalité". Pour vous situer, à côté, les bandes-son du garçon pour le chorégraphe Gilles Jobin, c'est de la gnognotte pour écouter affalé dans un jacuzzi.
Elaboré sur diverses stations d'exploration plus ou moins connue du tout-venant MAOiste (Kyma, Super_Collider), Eselsbrücke est beau, perpetuellement mystérieux et irréductiblement à contre-courant de la pratique sensée du producteur de house contemporain. Voilà quelques infos sur le processing et le genre de formules magiques qui ont été nécessaires à sa conception. En même temps, ceux qui seraient choqués par cette dérive stochastique ne connaissent pas leur Vogel sur le bout des doigts: prenez au hasard ce maxi de 1994, neutralisez en esprit la tapisserie de beats tabasserie, écoutez les courbes, constatez: Cristian Vogel n'a évidemment jamais souhaité rien d'autre que de nous mettre l'entendement en vrac. Ça se commande tout de suite en ligne sur le site de Sub Rosa.
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