La Troisième Symphonie Op. 36 de Henryk Górecki fait partie des gros tubes de la musique contemporaine de ces dernières décennies. Editée dans sa version la plus célèbre par Nonesuch au début des années 90 dans une version dirigée par David Zinman, cette oeuvre de rupture du compositeur polonais jusque-là continuateur d'une veine post-sérielle bien ardue comme il faut reste même "le plus gros succès d'une oeuvre nouvelle" de l'histoire de la musique enregistrée à ce jour - au point qu'il y a de grandes chances que toi même, lecteur mélomane, en ait un exemplaire cabossé dans la collection.
On s'abstiendra donc d'accueillir cette réinterprétation par notre saxophoniste de l'extrême préféré comme un glissement vers l'avant-garde puisque la Symphonie des chants plaintifs a à peu près autant à voir avec l'avant-garde que le nouveau Rihanna. On y décelera plutôt une volonté de raccrocher les wagons avec une veine minimaliste, tonale et lourdement émotionnelle largement explorée dans ses propres compositions qu'on a vite fait de résumer à quelques influences américaines (la triade Reich - Glass - Riley) sans penser à creuser du côté des mystiques minimalistes à barbe de notre vieille Europe.
Réorchestré pour cordes, bois, synthétiseurs et guitares électriques sur l'ossature de l'oeuvre originale dont Colin Stetson explique n'avoir modifié en rien la structure, Sorrow transforme la Symphonie des chants plaintifs en un improbable hybride néoclassique / emo / black bidule (le batteur de Liturgy est de la partie) qui ravira sans aucun doute les coeurs purs qui honnissent la musique contemporaine "difficile à écouter" et qui brûlent un cierge devant une photo d'enfant aux yeux mouillés chaque fois qu'ils se repassent La Troisième Symphonie dans leur 2 pièces désolé. Sorrow sort le 8 avril chez 52HZ.
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