Cet automne, si on vous parle techno cyber corbeau de France, rendez-vous un service: répondez Clement Meyer plutôt que Gesaffelstein. Sans vouloir faire les haters binaires ni vous seriner le refrain de la lutte des classes (eh, chacun sa merde), on sait que vous y trouverez plus votre compte. Déjà parce que dans le genre EBM des temps modernes, le boss de Get The Curse (le label, le site, la bande qu'il tient à bout de bras) est un crack; ensuite parce qu'avec ce maxi superbement démantibulé, il passe un cap.
Sous sa superbe pochette néo-moderniste façon LP de musique concrète suédoise circa 1964, Modern Primitivism tourne pourtant presque le dos à la techno. On a là trois exercices électroniques de haute volée (plus un remix) qui illustrent chacun à leur manière ce paradoxe contemporain de la technologie de pointe qui nous permet enfin de nous en retourner à nos plus primitifs instincts. Il se trouve que c'est par là que Meyer a trouvé le tunnel qui le menait vers la liberté. Proto analo house techno qui grince avec des feedbacks qui font les sirènes et des casios pétés qui font la TB, funk industriel formidable pas loin d'Issakidis ou bizarrerie minimale synthétique en hommage à Don Buchla et à ses interfaces de rêve, on ne veut plus ici entendre parler de house ou de techno, de lumière ou d'obscurité, de noise ou de musique de danse. Tout ce qui compte, c'est la justesse du tempo, la température des couleurs, la qualité de la dissonance. Encore un pas vers l'émancipation, et on sort les grands mots, Monsieur Meyer.
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