On ne dira jamais assez tout le bien que l’on pense de Charles Burns.
Dessinateur de génie, au trait identifiable d’un seul coup d’oeil, il est aussi un formidable scénariste, certainement l’un de ceux qui ont fait accepter la BD – ou le “roman graphique”, comme on dit aujourd’hui – en tant qu’art à part entière.
Non content d’avoir ainsi ouvert les yeux à tous ceux qui, jusque là, avaient tendance à la considérer comme uniquement destinée à des ados attardés, il en a aussi dépassé les codes, en empruntant aussi bien aux comics de son pays natal qu’à la ligne claire européenne.
Avec Toxic (X’ed Out, en VO), sa nouvelle série, il poursuit sur cette lignée, en rendant hommage à l’un de ses maîtres: Hergé. La couverture, ci-contre, en est un bon exemple, avec sa référence appuyée à celle de L’Etoile Mystérieuse.
Si l’on est ici bien loin des gentilles explorations de Tintin, les connexions sont multiples.
On ne rentrera pas dans les détails de l’histoire de Toxic, mais sachez juste que l’une des trames du livre tourne autour d’un personnage reprenant les traits du héros créé par le dessinateur belge, et multipliant les clins d’œil à son univers.
Mais Burns a eu l’ingéniosité d’y glisser des passerelles vers l’œuvre d’un autre de ses grands inspirateurs: William S. Burroughs.
Dans Toxic, l’imaginaire du romancier américain surgit à tous les coins de pages: Doug, le personnage principal, fait des performances où il lit de la poésie cut-up, son alter-ego “tintinesque” croise des Mugwumps, se retrouve dans l’Interzone du Festin Nu, etc.
Etrange, presque “lynchéen“, Toxic est à la fois un conte, un rêve beat, une autobiographie, et un portrait du New York punk de la fin des 70′s. Ce premier tome sera suivi d’un second, La Ruche. On l’attend avec impatience.
Pour patienter, les Parisiens peuvent se ruer à la Galerie Martel, dans le Xe arrondissement, où démarre aujourd’hui une exposition consacrée à Burns, reprenant une centaine de ses œuvres.
Par ailleurs, que ceux qui n’ont pas encore eu Toxic entre les mains jettent un oeil aux extraits (en VF, et en VO) ci-dessous. Si ça ne vous donne pas envie, on ne sait pas ce qu’il vous faut.
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