On a d'office envie de gloser sur la pochette, qui rentre pile poil dans la symbolique nostalgique d'une époque inconnue et donc fantasmée par ses auteurs (avec Winona Ryder en égérie 90's ultime de puceaux revivalistes un peu attardés - juste pour vous prévenir : la Shitlist de fin d'année arrive à grands pas), mais surtout sur le fait qu'un morceau aussi pauvre musicalement que celui fourni par un certain DJ Boring (inconnu au bataillon) fasse à ce point son petit effet dans les limbes d'Internet - en gros, sur les réseaux sociaux et sur Youtube.
Certains crient carrément à la fin de hype qu'aura connu la house lo-fi en 2016. Pour notre part, on ne se montrera pas aussi catégorique, mais soulignons tout de même que les éléments qui composent le morceau Winona forment une ossature absolument famélique, tellement vidée de sa substance qu'il ne reste pour ainsi dire plus d'ivresse où se ressourcer : un beat, une nappe de synthé triste, des blips blips aquatiques qui rappellent presque les premiers Paradis (on est gentils, on vous fournit même le bâton pour nous faire battre), la voix de Winona Ryder qui raconte une expérience douloureuse d'une voix désincarnée par-dessus.
La house lo-fi serait-elle devenue si identifiée qu'elle en est maintenant déclinable à l'infini, comme le fut le garage rock un moment ? En tout cas, on se demande pourquoi on reviendra encore et toujours vers ce genre de morceaux un peu pantouflards et très paresseux, dont on sait pertinemment qu'ils n'ont pas grand intérêt, mais dont on n'arrive pas encore tout à fait à se détacher, tant ses attraits (aussi évidents soient-ils) continuent pour l'instant de fonctionner sur nous. Jusqu'à, effectivement comme on vous le disait plus tôt dans l'année, une indigestion carabinée ou une profonde remise en question du genre.
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