Pour cette nouvelle rubrique, on s'est dit qu'il serait judicieux de demander à nos chers disquaires indépendants hexagonaux de nous parler de leurs nouveaux arrivages dans les bacs. Pour cette première édition donc, on a demandé à Maxime Barré de chez Bornbad Record Shop, haut lieu de la culture rock'n'roll, punk et garage du 11e arondissement de Paris (et qui distribue les disques du fameux label du même nom), de nous faire une petite sélection de l'été. Sans surprise, il nous a conseillé plein de pépites punk, synth et garage d'Outre-Atlantique pour nous permettre de partir sur la route des vacances avec plein de musique sous le bras. Si vous passez par le magasin faire le plein de disques (ce qu'on vous recommande chaudement), on vous conseille tout de même de faire gaffe à ne pas laisser les vinyles dessécher sur la plage arrière de la voiture ensuite - ce serait bien bête.

Giorgio Murderer Holographic Vietnam War (Pelican Pow Wow)
"Premier album de ce one-man band, après plusieurs 7" (sur Goner Records notamment) totalement killer, proches des Spits, dans une veine synth-punk lo-fi d’une simplicité aussi désarmante qu’efficace. Basé à la Nouvelle-Orléans, l’album nous plonge dans une ambiance dystopique où les hymnes punk croisent des plages électroniques déconstruites et même un morceau "chopped & screwed" dans la plus pure tradition du Sud des États-Unis. À cela, s'ajoute un sentiment de mélancolie qui confine au désespoir. Derrière cet alias se cache le responsable de Buck Biloxi and The Fucks (Total Punk, Hozac), projet symétrique, le synthé en moins, les Ramones en talisman en plus."



GØGGS S/T (In The Red)
"Ty Segall sort enfin du marasme (un embrassant album de reprises de T-Rex, une série de LPs en hommage au rock à la papa) avec ce projet en compagnie de Chris Shaw, l’impressionnant frontman de Ex-Cult (Memphis) et Charles Moothart de Meatbodies. Enregistré à Los Angeles, l’album fait suite à un premier 7 », convaincant sans être extatique. Dès le 15 premières secondes de l’album, on comprend que cet album se place à un tout autre niveau, le son de guitare de Ty Segall renoue avec ses débuts, agressif, lo-fi mais maîtrisé, et terriblement excitant. Le chant de Chris Shaw est une invitation à la révolte et dégage tellement de charisme qu’il m’inscrirait à l’église de Scientologie, je ne sourcillerais même pas. Idéal au réveil si la journée s’annonce difficile."

Angry Angles S/T (Goner Records)
"On ne présente plus Jay Reatard (1980-2010), héros du garage américain, aux mille projets. Entre la fin de son groupe The Lost Sounds et la début de sa carrière solo (et la reconnaissance plus large qui l’a accompagnée), Jay Reatard crée Angry Angles avec sa petite amie Alix Brown. Cette compilation regroupe la majorité des productions du duo (des 7") et quelques morceaux inédits. On retrouve une excellente reprise de Wire ("The 15th") et tous les tubes du groupe. La compilation se place sous l’égide d'un punk rock minimaliste et excessif où les paroles reflètent les déboires du couple ("You Call It Love"). Impossible de se priver d’une sortie posthume de Jay Reatard, tant sa musique a influencé et continue d’influencer la scène garage-punk actuelle. "

Spray Paint Feel The Clamps (Goner Records)
Trio basé à Austin, à la production prolifique (6 albums en trois ans et presqu’autant de singles) et à la formule stable : un mélange équilibré entre noise-rock et post-punk, une alchimie savante quelque part entre Brainbombs et The Fall. Produit par Chris Woodhouse (responsable des albums de A-Frames par exemple), l’album alterne morceaux mid-tempo menaçants et coups de poing noisy, dans une ambiance générale plutôt désespérée et glauque. Bref, un album réjouissant qui séduira les quarantenaires fans de Sonic Youth et les fanatiques de post-punk.

Useless Eaters Relaxing Death (Castle Face)
"Sans doute un des projets les plus excitants aux États-Unis, sur scène comme sur disque. À l’origine Useless Eaters est un projet solo, emmené par Seth Sutton, initié dès son adolescence (à peine 14 ans !) et se situant dans une veine garage-punk lo-fi, influencé par Oblivians ou Jay Reatard. Il jouera par la suite avec ce dernier, puisque tous deux résidaient à Memphis. Depuis 2015 Seth a regroupé autour de lui trois musiciens qu’il mène à la baguette et a sillonné deux fois l’Europe, laissant derrière lui des foules ravies et transpirantes. Cet album, enregistré et produit seul quelque part dans les Alpes, est un excellent témoignage de l’évolution musicale de Useless Eaters : le garage bruyant n’est plus qu’un souvenir, dépassé par un post-punk synthétisant, futuriste et toujours frontal. Ils seront d’ailleurs au Point FMR le 27 juillet et à Binic dans la foulée, ne manquez pas ça !"