(c) Lisa Virot
On n’a pas entendu François Virot en solo depuis Yes or No en 2008, un disque qui l’avait propulsé du jour au lendemain en nouvel espoir de la pop indé en France… Ce que l’intéressé avait eu bien du mal à comprendre ! Entre temps, il a enchaîné quelques tours de force, avec quatre albums, deux pour Réveille et deux pour Clara Clara, dont le fantastique Bugarach.
En solo, Virot assèche tout jusqu’à l’os : guitare, basse, batterie, le tout dans une sorte d’équilibre miraculeux entre simplicité du songwriting et intelligence des arrangements en ligne claire. Jamais purement ornementaux, ils sont comme des arabesques qui font bifurquer les chansons sans crier gare. Les chansons de Virot explosent en feux d’artifice de poche au moment où on s’y attend le moins ("Play Pretty"). C’est simple : elles ont la grâce du Doolittle des Pixies et la désinvolture du Wowee Zowee de Pavement. Mais l’héritage est assumé avec une telle classe qu’à aucun moment on ne peut réduire l’écriture de Virot à celle de ses glorieux aînés slacker. Elles transpirent d’une facilité faussement je-m’en-foutiste ("Motto", instru d’une minute et quelques, sorte d’esquisse bancale, chute de studio en plein milieu du disque) qui nous fait oublier que le petit riff génial et le break de batterie fanfaron peuvent surgir à tout moment… de préférence quand il ne faut pas ! "Night Out" commence avec des crachotements d’ampli, balance sa ritournelle entêtante, avant d’embrayer sur un solo de guitare sautillant et de se casser la figure sur un break de batterie minimal.
(c) Michelle Arcila
Pas besoin d’épilogue, pas de bavardage : Virot crayonne vite et sec et choisit la spontanéité plutôt que l’exécution bien léchée. Le mec affiche une souveraine indifférence aux modes éphémères qui gouvernent la production pop en France et trace son chemin buissonnier, plein de lignes surf, de chœurs rigolos et de bruits cartoonesques et débiles (les couinements de guitare de "Medicine", géniale trouvaille sonique).
Marginal Spots tient en à peine 27 minutes : 9 vignettes supersoniques, dont chacune est à elle seule une leçon de songwriting de première bourre. Pas de bol, elles sont inimitables. On n’a plus qu’à écouter ce disque encore et encore pour percer ses secrets.
Le nouvel album de François Virot, Marginal Spots, se commande ici. À noter que la release party aura lieu le 18 décembre à la Marbrerie de Montreuil pour le Noël des labels organisé par The Drone et le collectif MU, en compagnie de Marie Davidson, Blood Sport et Mont Analogue. Les infos sont disponibles ici.
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