On a tellement voulu ranger Bajram Bili dans la case krautrock à la sortie de ses premiers maxis que le jeune Français s'est empressé de s'extirper de cette ornière un poil réductrice et envahissante (le poids de l'Histoire, tout ça). À l'écoute de ce nouvel EP, Distant Drone, qui s'apprête à sortir le 11 décembre conjointement chez Le Turc Mécanique et Another Record, on ne trouve plus vraiment d'occurence kosmische ni d'embardée motorik, et bien malin celui qui pourra y établir une filiation de l'axe Cluster/Neu!/Faust (ou alors pilotée à distance, comme l'indique le nom de cet EP). Ce qui apparait sur Distant Drone (peut-être plus encore que sur Saturdays With No Memory, premier album publié cette année, déjà sur Another Record), c'est une electronica décomplexée, bourrée aux hormones de croissance et aux anabolisants, qui ne s'embarrasse guère de bon sens et qui ne doit son salut qu'à ses brusques changements de registre et ses sorties de route soudaines. Ainsi, sur les deux morceaux présentés ici, "Roger & Stan" et le morceau-titre "Distant Drone", le Tourangeau Adrien Gachet ne se place pas tant dans une démarche de révérence ou de lignage que dans un éclatement ludique des genres et un court-circuitage en règle de possibles ramifications, de la bass music au patrimoine synthétique national en passant par des incartades banger club et des poussées de sève presque math-rock. À l'image de son compatriote Pointe du Lac (bien que dans un autre registre), Bajram Bili choisit donc de subvertir un héritage électronique commun et chéri, de le placer sur l'autel de l'amusement, et peut-être ainsi permettre de paver la route de sa propre histoire.
Le nouveau maxi de Bajram Bili, Distant Drone, sort le 11 décembre chez Le Turc Mécanique et Another Record. Il est en écoute ci-dessous :
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