L’info tient en deux lignes, à peine: pour venger la fermeture de l’antique site de P2P LimeWire, quelques uns des activistes web regroupés au sein de la très vaste communauté Anonymous sont allés saboter le site de la RIAA, la Recording Industry Association of America, l’Hadopi US.
Pourquoi en parle-t-on ? Et bien tout simplement parce qu’elle nous donne l’occasion de dire un mot sur Anonymous.
Le meilleur résumé – facile à trouver, il est repris à longueur de pages wikipédia – que l’on puisse trouver au sujet de ce groupuscule à géométrie variable, c’est celle qu’en donna le journaliste Chris Lander dans le Baltimore City Paper : “Anonymous est un groupe, au sens où une nuée d’oiseaux est un groupe. Comment sait-on qu’ils forment un groupe ? Parce qu’ils voyagent dans la même direction. A tout moment, d’autres oiseaux peuvent les rejoindre, partir, choisir un nouvelle direction.“
Anonymous est né sur le web, d’un meme Internet, et regroupe des internautes agissant anonymement – logique – pour faire entendre leur désaccord sur différents sujets à travers des coups d’éclat souvent ravageurs.
L’attaque du site de la RIAA en est le dernier exemple en date, mais, là où les choses deviennent intéressantes, Anonymous n’en en rien cantonné au monde virtuel.
Alors que l’on pourrait voir en ses membres un conglomérat de geeks certes débrouillards mais tranquillement occupés à mener des micro-révolutions en slip devant un combiné écran/clavier constellé de restes de junk food, la réalité est toute autre.
Ponctuellement, ces anars 2.0 enfilent des pantalons et vont directement dans la rue porter leurs messages. Ce fut notamment le cas en 2008.
Une vidéo à usage interne de l’Eglise de Scientologie comprenant une interview de Tom Cruise avait alors leaké sur YouTube. Les Scientologues, aussi procéduriers que d’habitude, avaient pété un scandale et fait retirer ladite vidéo.
Très attachés à la liberté du web, les membres d’Anonymous, regroupés dans cette joyeuse fosse sceptique qu’est 4chan, lancent en réaction le Projet Chanology. S’enchaînent alors les sabotages des différents sites web de l’église et des ses affidés, les blagues à la con, et, surtout les manifs.
Réunis devant les églises, portant les mêmes masques de Guy Fawkes (le mec qui, en 1605, a tenté de faire sauter le Parlement anglais) que V de V For Vendetta, ils ont semé un joyeux bordel à travers le monde, ce qui a eu pour effet de renforcer leur déjà très étendue communauté.
Devenus portes-étendards de la liberté totale que revendiquent certains internautes, ils ont pour ferme intention de mettre de gros bâtons – numériques – dans les roues – numériques, également, sinon ça ne marche pas – de tous ceux qu’ils considèrent comme leurs ennemis, à commencer par les organismes luttant contre l’échange illégal de fichiers.
L’Operation Payback – qui comprend le tacle mis au RIAA – n’en serait d’ailleurs qu’à ses débuts. On attend, pour notre part, les premières vagues d’assaut contre Hadopi.
Le Français étant prompt à descendre dans la rue pour défendre ses droits, on ne voit pas pourquoi les internautes de chez nous ne foutraient un peu le bordel. Il en va de notre honneur national.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.