Derrière la triste tête de docker louche d'Andy Stott se cache un putain d'inventeur. Jadis élève plutôt impertinent de l'école dub techno sous le nom d'Andrea, ce Mancunien affilié à la bande witch rave de Modern Love (on vient d'inventer le terme, rapport à Dame Demdike et aux autres sorcières de Pendle, tout ça) est passé un beau jour de l'Autre côté. Il en a ramené un étrange golem techno qu'il n'a de cesse depuis de configurer, reconfigurer et défigurer.
Plus près encore de l'informe et de l'épuisement (il a un jour utilisé le terme "knackered house" - house crevée - pour décrire sa musique) son nouveau Luxury Problems semble carrément être le fruit d'expériences hasardeuses en sorcellerie. De manière plus ou moins involontaire (un de ces jours on aimerait bien en parler avec lui), il s'inscrit immédiatement dans l'axe ésotérique de la pop anglaise, qui court de l'Ordre hérmétique de la Golden Dawn à Jimmy Page, des cérémonies néo-païennes de Coil aux collages divinatoires de l'école hantologique (Ghost Box et ses affiliés, Mordant Music, Moon Wiring Club etc.)
La présence troublante de la professeur de piano d'enfance de Stott, asservie à la limite de la possession, est le meilleur indice de ce devenir sorcier du producteur. Triturée, aplatie, finalement abandonnée dans un labyrinthe d'échos, elle apparaît moins comme une chanteuse de standards hantés que comme un scarabée supplicié et épinglé sur un fond de cadre en flanelle. Gisant juste à côté, une grosse aiguille dans le thorax, les beats bourrins écrasés sous leur propre poids et les basses tombées tel quel de la jungle font peine à voir. C'est sans doute le prix à payer de la transmutation. Si Andy Stott est si cruel, voire maléfique avec les matières et les fantômes de dance music, c'est probablement qu'il veut à tout prix nous les faire entendre autrement.
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