Pilier de la scène électronique française, voire mondiale, unanimement révéré comme un compositeur hors-pair depuis la parution de sa victorieuse 11e Marche en 2001, Sébastien Devaud, alias Agoria, 35 ans, a une nouvelle fois mis tout le monde d’accord au début de cette année, avec la sortie de son quatrième LP, Impermanence.
Sans tomber dans la redite ou la pâle copie, l’album rappelle à tous ceux qui l’auraient oublié la très nette filiation que s’est choisi le musicien français depuis ses débuts: celle de la techno de Detroit, directement représentée par la présence de l’une de ses figures tutélaires – Carl Craig – et de sa jeune garde, l’inénarrable Seth Troxler. Tombé dedans à 12 ans, lorsqu’il casse sa tirelire pour aller s’acheter Good Life d’Inner City, Sébastien n’a depuis eu de cesse d’en explorer les codes, aussi bien musicaux qu’intellectuels.
A l’image de la puissante et organisée scène techno de Motor City, née de la galère des fils d’ouvriers lâchés par l’industrie automobile moribonde, ses héritiers lyonnais ont du se sortir les doigts pour défendre leur musique.
Et oui, souvenez-vous, enfants des 80′s, la techno n’avait pas la vie facile dans les années 90. Alors que l’on nous vendait les raves comme des orgies démoniaques où des hordes de sagouins lobotomisés éventraient des labradors pour planquer leur dope et violaient sans relâche d’innocentes jeunes filles préalablement gavées de GHB, Agoria et ses copains Kiko, David Carretta et Oxia tentaient tant bien que mal de faire danser les gens sans se retrouver au poste.
Poussés par quelques bonnes âmes locales – dont Cyril Bonnin, patron du Transbordeur, leur Electrifying Mojo à eux -, ils tiennent tête aux récalcitrants pouvoirs publics, suivant de près la lutte menée par le Technopol naissant.
Ayant à coeur de conserver “un esprit militant“, Agoria est également là lorsque se lancent les Nuits Sonores dans sa hometown, en 2002. Quatre ans plus tard, il monte son propre label, InFiné, et enchaîne quelques jolies signatures, dont Francesco Tristano et Arandel.
Choisissant de ne pas imiter ses camarades DJs, prompts à partir platines sous le bras poser leurs valises à Paris, Berlin ou New York, il installe son QG, la Circle Room, dans son Lyon natal, à l’image de son pote Carl Craig et son Studio E de Détroit. On n’ira pas jusqu’à affirmer que la Capitale des Gaules est la cousine de Motor City, mais une chose est sûre, à travers Agoria, l’épicentre de la grande famille électronique US s’est trouvée bien plus qu’un parent proche: un véritable allié, capable de rivaliser avec la crème du techno world.
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